BREKEKEX

DU 16 MARS 2015 AU 15 AVRIL 2015

ENSBA LYON

Sophie Bonnet-Pourpet, Gaëlle Choisne, Ruth Cornelisse, Mathilde du Sordet, Théo Hernandez, Jules Lagrange, Octave Rimbert-Rivière

Ce fut la venue du sexe qui causa le développement du langage chez
les animaux ancêtres.
Le mot sexe s’est ainsi formé : Ai ? eh ! è. Ai que ? éque ou ec. Ai que ce ?
Exe, sais que ce ? ce éque-ce, ce exe, sexe.
Exe est un premier nom du sexe, nom qui a perdu sa première valeur ;
on l’emploie pour désigner celui qui a perdu son emploi.
On voit qu’à la venue du sexe, on ne savait ce qu’était cette exe-croissance,
ex-croissance. Cet exe est un excès. Je ne sais que c’est. Jeune sexe est.

Jean-Pierre Brisset, La Grande Nouvelle, 1900

Expliquer le choix de Brekekex comme titre de cette exposition revient à contredire la raison même pour laquelle il est apparu pertinent : un terme en-deçà du langage articulé, un mot sans message, et donc, puisqu’il faut le dire, une évocation, dans les Grenouilles d’Aristophane, du cri des batraciens. L’opération pour en arriver là est un maraboutage de filiations : Duchamp et Foucault admirateurs de Brisset, le « grand chirurgien sémantique » ; Brisset lui-même citant Aristophane. Linguiste amateur, illuminé par la révélation que l’homme descend de la grenouille, Brisset fit le constat que le langage, hermétique jeu de combinaison et de dérivation, est bien l’histoire des hommes, de leur origine animale, et de la sublimation de leurs impulsions.
Aujourd’hui, c’est la St.Brekekex, divinité batracienne des origines de la langue, qui pourrait figurer au calendrier ‘pataphysique. À une invitation à évoquer leur rapport à la filiation, à ce qui dans leur pratique relève de l’influence, de l’héritage des formes, sept artistes répondent en disposant des autels privés, les reliques de cérémonies idiosyncratiques ; des figures enfouies, des images mystiques érotisées, des héros de série qui parlent à l’envers. Réponses en forme d’énigmes, mais répliques finalement dignes de l’aporie de la question posée : au poids de l’histoire se substitue le secret des idoles crépusculaires.

Cette exposition est une collaboration entre le Treize et l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon, où les artistes rassemblés ici ont été diplômés.

Elle bénéficie du soutien de l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Lyon et de la Mairie de Paris.