Pati Hill, Mrs. Beazle

13 février –  21 mars 2021
Ouvert sur rendez-vous


Cette exposition est le troisième volet d’une trilogie consacrée à l’œuvre de Pati Hill (1921-2014). Elle a débuté cet été à Ampersand, Lisbonne, et s’est poursuivie à Romainville deux mois plus tard, à la galerie Air de Paris, où elle prenait pour point de départ un recueil de poèmes, "Slave Days", publié par Pati Hill en 1974, treize ans après qu’elle ait affirmé renoncer à sa carrière de romancière pour se consacrer à la vie domestique. "Mrs. Beazle" débute deux années plus tard, en 1976, lorsque Pati Hill expose à New York "Dreams, Objects, Moments" : une centaine de fragments tapés à la machine et photocopiées décrivant ses rêves, des objets et certains de ses souvenirs. Ces textes sont parmi les plus beaux qu’elle ait écrits. Ils disent, comme ses œuvres photocopiées, que la distinction entre la vie matérielle et la vie rêvée importe peu, mais aussi que l’attention descriptive si soutenue qu’elle semble porter aux choses ne naît pas d’une volonté de les fixer. Que son goût pour la technique n’est jamais guidé par la volonté de définir ou de réguler, mais de créer au contraire par la précision, du malentendu. Comme un regard si concentré qu’il finirait par voir double et comme derrière l’objet qu’il fixe.


C’est avec les animaux qu’elle entretient le rapport de compagnonnage et d’amitié qui lui convient le mieux. Et parmi eux, certainement d’abord avec les chats. On peut les aimer sans jamais prétendre être trop semblables. On peut leur parler sans espérer être compris. Ils s’amusent seuls et de rien, ne cherchent jamais à savoir qui est le maître. Ils n’ont, pense-t-elle, aucun goût pour les misères sentimentales. Ils l’aident à préciser l’idée qu’elle se fait de sa propre indépendance.


Après la mort de son troisième mari en 2000, Pati Hill reste vivre seule à Sens. Elle s’entoure d’une petite brigade avec laquelle elle dîne sur la table de son atelier, au milieu de ses photocopies. Une fois que le couvert est dressé, elle jette leur nourriture sur des feuilles blanches A4, les mêmes qu’elle utilise pour travailler. Après le repas, elle les récupère et dessine à partir des tâches laissées les personnages de ses dessins. Il faut l’imaginer sous la verrière de son atelier dessiner comme elle fait ses photocopies, sans aucune idée romantique de la création et repenser au jour de son mariage, lorsque son ami, le poète James Merrill, lui offrit un chat pour accompagner sa « nouvelle vie de prisonnière », pour se dire qu’après tout… une femme mariée qui dessine des chats…


Cette exposition a été organisée rapidement grâce au soutien de Nicole Huard qui a accepté de me donner accès à sa collection. Grâce au soutien de Florence Bonnefous et de la galerie Air de Paris, celui de Richard Torchia, qui supervise les archives de Pati Hill à l’université Arcadia, Glenside, Pennsylvanie. De toutes les personnes concernées par Treize de près (Pascaline, Olga, James, Emmanuel, Gallien, Léna, Julien, Kevin, Fanny) et de loin (Martin, Alice-s, Sibylle, Clément, Valter, Miglé, Rafael et Helena). De Sibylle encore pour les rats et tout le reste.


Baptiste Pinteaux


Images: Mrs. Beazle, photographiée par Pati Hill, 1999 ; Pati Hill, sans titre, c. 2004 ; Pati Hill, Montacher, c. 1951. Photo : John Gordon Ross ; Pati Hill et Mrs. Beazle dans son studio, Sens, 2020. Courtesy Pati Hill Collection, Arcadia University & Nicole Huard. Vues de l'exposition "Pati Hill, Mrs. Beazle", 13 février - 21 mars 2021, Treize, Paris. Photos : Aurélien Mole.

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English version

Pati Hill, Mrs. Beazle

February 13th –  March 21th 2021
Open by appointment


"Mrs. Beazle" is the third part of a trilogy of exhibitions devoted to the work of Pati Hill (1921-2014). Begun last summer at Ampersand, Lisbon, this series continued at the Air de Paris gallery, Romainville, two months later. This second exhibition took as its starting point "Slave Days" – a collection of poems paired with xerographs published by Pati Hill in 1975, thirteen years after she claimed to “quit writing in favor of housekeeping”. Mrs. Beazle picks up the story one year later, in 1976, when Pati Hill showed "Dreams, Objects, Moments" in her New York gallery: a hundred typewritten fragments photocopied onto three different colors of paper, ostensibly corresponding to each category. These texts are among the most beautiful that she wrote. Like her xerographs, they claim that the distinction between material and dream life does not matter. They also propose that the descriptive attention Hill pays to things – objects, phenomena, experiences – does not arise from a desire to fix them. Her wish to embrace the possibilities offered by the photocopier is never driven by the will to define or regulate but the desire to create misunderstanding through precision, like a gaze so focused on its object that it starts to see double.


It is with animals that she maintains companionships that suit her best. And among them, certainly with cats first. One can love them without ever pretending to be similar. One can talk to them without hoping to be understood. They have fun by themselves and from nothing particular. They never try to find out who is the master. Hill thinks they have no taste for sentimental miseries. They help her clarify her idea of her own independence.


In 2000, following the death of her third husband, Paul Bianchini (whom she married in 1960), Hill lived surrounded by a small brigade of cats and occasionally dined with them on her workshop table in the midst of her xerographs. Once the table was laid, she randomly threw their food on white sheets of paper, the same she used for work. She kept these sheets onto which she drew characters based on the traces left by the cat food. Picture her in her studio drawing as she made her xerographs, without any romantic idea of creation, remembering her wedding when her friend, the poet James Merrill, offered her a cat to accompany her “new life as a prisoner”, thinking that after all… a married woman who draws cats is not so bad…


Baptiste Pinteaux


Images: Mrs. Beazle, photographed by Pati Hill, 1999 ; Pati Hill, Untitled, c. 2004 ; Pati Hill, Montacher, c. 1951. Photo: John Gordon Ross ; Pati Hill and Mrs. Beazle in Pati's studio, Sens, 2020. Courtesy Pati Hill Collection, Arcadia University & Nicole Huard. Exhibition views "Pati Hill, Mrs. Beazle", 13 février - 21 mars 2021, Treize, Paris. Photo credits : Aurélien Mole.