Basile Ghosn

EROS CENTER

11.01.25 — 14.01.2025

Vernissage le samedi 11 janvier de 18h à 22h.

Ouvert du vendredi au dimanche, 14-18h, et sur rendez-vous.


Artiste franco-libanais basé à Marseille, Basile Ghosn(né en 1991) recourt habituellement à la sérigraphie comme outil d’enquête sur l’imaginaire utopique moderniste. Il privilégie l’appropriation d’images par l’emploi de photocopieuses de bureau et de papier de qualité standard pour en tirer des paysages composites faits de détails architecturaux – rampes, pilotis, terrasses et poutres métalliques – qu’il enchâsse entre des couches de plexiglas coloré. Ses compositions semblent autant de monuments ambigus au souvenir d’un International Style ensoleillé, insouciant et sain, qui devait s’étaler le long des rives de la Méditerranée. On n’y distingue personne d’autre que soi-même – et parfois les autres regardeur·se·s – dans le reflet séducteur des surfaces.


La série EROS CENTER composée de grandes peintures sur papier et de petits dessins constitue un départ et un déport par rapport à sa pratique. Les imprimés architectoniques, monde nécessairement dépeuplé, s’effacent. Quand il affleure, le rêve moderniste présente son revers de cauchemar. Et si l’on croit distinguer des tours de béton et d’acier, on ne sait plus si elles sont là inachevées ou déjà détruites par la catastrophe. Eros Center. C’était le nom d’un sex-shop marseillais. Il est fermé. Une opération immobilière est en cours. La forme d’une ville change plus vite, on le sait bien, que le corps des mortels. Nous sommes quelques-uns à y être passés, dans celui-là ou dans d’autres, cherchant de quoi mater, sinon toucher ; miracle de ces étreintes-là. On ne peut pas dire qu’il n’en restera rien, puisque des corps s’en souviennent. Pour raconter cette mémoire labile des mouvements et du sexe, il a donc fallu des gestes, une peinture toute en gestes, dont le trouble et la liquidité frôlent l’informel – ou flirtent, c’est selon, avec ce que l’artiste Amy Sillman nomme avec affection un détournement camp de l’expressionisme abstrait. D’où, ici et là, c’est bien Basile, quelques clins d’œil rieurs, des éclats de joie, et forcément, une ou deux private jokes. La rareté tant désirée du calme, aussi. En s’approchant des peintures, le chaos des gestes en raconte un autre, enchevêtrement confus de bras, de jambes, mains et sexes enlacés, membres qui s’étreignent, pour la tendresse ou la détresse – vous aussi ? Welcome to the Pleasure Dome – wait, or is that the Iron Dome ?
Une année encore, des corps à n’en plus finir.

Emmanuel Guy