
LE BAL MASCARE
Photo Céramique Métal Performance
à Treize, 24 rue Moret, 75011
du 6 mars au 16 mars 2025
Vernissage le jeudi 6 mars, 18h-21h
Ouvert les vendredi, samedi, dimanche 15h-19h, et sur rendez-vous.
Performance le dimanche 16 mars à 17h
Finissage le dimanche 16 mars, 16h-20h
Onze photos dans des cadres de latex seront posées aux murs. A côté, des pièces de céramiques qui sont les accessoires que j’utilise sur scène pour créer des numéros de cabaret.
Toutes les photos viennent du chemin de Delphes, c’est soit des photos prises à Delphes même dans le sanctuaire soit sur son chemin.
Delphes est une cité ancienne, il y a là-bas une sculpture, un caillou en forme d’ogive, et à côté de ce caillou la fameuse Pythie aurait passé du temps à articuler un langage oraculaire, langage toujours interprété par des “sages”, rien que le mot met mal à l’aise. La pierre sacrée était recouverte de bandelettes de tissus. La Pythie n’a jamais gagné un sou, elle était captive des interprétations des sages et des pèlerins parfois c’était des figures puissantes, parfois non. En voyant la pierre sacrée, il reste la pierre, j’ai pensé que c’était une météorite. Dans les textes la pierre serait tombée du ciel par la volonté de Zeus, si on retire la volonté de Zeus, il reste la pierre qui tombe du ciel, ce qui me semble être une bonne définition d’une météorite. Delphes est surnommé le nombril du monde. En tombant, la pierre a fait un impact. La pierre s’appelle l'Omphalos, pierre ombilicale, le nombril du monde. Le nombril, le trou de Delphes est aussi, il me semble, lié à l’origine du théâtre. Je l’ai vu en y allant, j’imagine la météorite tomber, créer un trou en tombant et dégager sur son passage un écho du choc. Un trou et une onde de choc c’est exactement à ça que ressemble un amphithéâtre. Le point d’impact serait la scène, les gradins l’onde du choc.
La scène comme point d’impact d’un morceau d’astre pour moi qui pratique cet espace depuis bientôt la moitié de ma vie me semble être une piste de conte étiologique pertinent. Je passe beaucoup de temps cagoulée, sur scène, “dans la vie”, et depuis que j’ai décidé que le théâtre était né d’un impact de météorite à Delphes, je me questionne encore et toujours sur cette cagoule. Je me suis toujours senti libéré en cagoule, très concentré et très libre.
Ma cagoule, je la vois comme un trou sur lequel on se penche. Un trou qui permet de passer du temps avec les absents et les absentes, place de choix. Je pense souvent à l’absence de nos récits minoritaires. Je ne veux pas changer l’histoire, c’est un outil de dominants. Je sais que notre chemin à nous se trouve non pas dans les ruines mais dans nos peaux. Je pense souvent à la pythie et lorsque je prends en photo Bili, ou lorsque Bili me prend en photo je sais que je ne réponds pas au mystère, je le convoque. J’ai le visage recouvert d’une protection. J’ai choisi de mettre les photographies dans des cadres de latex. Le latex est pour moi un prolongement de l'ancestrale bandelette sacrée. Le latex est un fluide végétal. C’est le suc, de l’arbre devenu peau, c’est sa bave dont on se recouvre le corps. Le latex n’est pas la sève, la sève nourrit, le latex protège, défend. Le latex au contact de la photographe crée pour moi une émotion particulière qui est celle de la rencontre entre le devenu inanimé et le mouillé.
Le latex continue de mouiller même sous verre. Je trouve que c’est de bonne augure.
Mascare