Natacha Ikoli

Privilege or Privileged


Installation vidéo
Du 11 au 13 mai 2023
Vernissage, jeudi 11 mai 18h30-21h
Visible les vendredi 12 et samedi 13 mai 15-19h

Être une personne noire dans une société majoritairement blanche privilégiée demeure pour beaucoup la "façon" de se définir et de fonder son héritage et son identité. Le privilège d'être libre, de ne pas être séparé de sa famille, de monter à l'avant du bus, de voter, de se marier avec qui on veut, de vivre où on veut ou de se voir appliquer la loi de la même manière que ceux qui ont le droit à ce privilège dès leur naissance.

Comprendre l'origine est aussi important que de comprendre ce qu'est ledit privilège. Comment il est perçu, vécu, ressenti, oublié, absorbé, ignoré, présent ou non, entravant ou facilitant, douloureux ou inconnu. Le corps, enfermé dans un parcours prédestiné, occulte les qualités voire les traits distinctifs qui mettent en lumière la personnalité de chacun. Ainsi, chaque personne est dépossédée de son individualité pour ne voir et percevoir que la masse dans laquelle elle est enfermée. In fine, le corps devient l'aspect le plus important du stéréotype social d'une personne.

Privilege or Privileged est une installation vidéo qui vise à créer une expérience audiovisuelle dans un espace où ces idées et concepts peuvent être médités et réfléchis. La légèreté de l'eau contraste avec le poids de l'environnement sonore.

Natacha Ikoli, artiste vidéaste, réalisatrice de documentaires et étalonneuse spécialisée, est née en République Démocratique du Congo en 1983 et a grandi à Paris, où elle a étudié la littérature et la philosophie au lycée, puis le cinéma et les arts du spectacle. Après avoir poursuivi ses études à Londres, elle obtient un Bachelor of Arts en Media and Video Production.

Dans son travail artistique, Natacha examine les comportements sociaux et leur lien avec l'identité, en se concentrant sur les comportements humains et l'impact que l'environnement a sur l'identité de chacun. Sa nation d'adoption met fortement l'accent sur la notion d'assimilation, ce qui en retour a impacté sa vision du monde et l'a amenée à explorer comment et en quoi l'identité est forgée par l'environnement, la biologie ou la psyché. Elle s'est toujours efforcée de comprendre ce que signifie l'appartenance, l'assimilation, l'intégration, la formation d'un sentiment de soi et toutes les idées liées à l'origine et au patrimoine.

Dans son premier film documentaire, "Bana Congo Oyez !", Natacha a étudié l'impact que l'utilisation répandue du terme "évolué" durant la colonisation Belge a eu sur l'inconscient collectif du Congo. Dans son installation vidéo "Le Horla", basée sur une nouvelle de Guy de Maupassant, elle a établi un lien entre le public et le personnage dément de la vidéo en plaçant le spectateur à l'intérieur d'une petite boîte claustrophobe et donc dans la position de l'observateur indésirable. Dans son œuvre "MyBodyMyself", une vidéo immersive présentée dans le Prospect Park de Brooklyn, elle s'inspire de livres traitant de la santé reproductive des femmes et de la rhétorique développée dans diverses cultures pour décrire les changements physiologiques des femmes.

Les œuvres vidéo de Natacha cherchent toujours à susciter un dialogue sur la notion d'appartenance, la pertinence de celle-ci et remettent en perspective l'identité. Elle vit actuellement entre Brooklyn et Banyuls-sur-Mer.